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Question orale

Un « phare » à Liège ?

Une question orale que je poserai au Collège ce lundi 24 février, lors du Conseil communal.

Monsieur le bourgmestre,

L’ASBL « Phare de Liège » – dans laquelle un membre de notre Conseil joue un rôle éminent – se propose d’installer un phare au sommet du Monument interalliés de Cointe. La presse nous apprend que le matériel nécessaire vient d’être commandé par ladite ASBL.

Sans insister sur le caractère curieusement ostentatoire et énergivore d’un tel projet, je tiens surtout à vous faire part de mon inquiétude quant à la pollution lumineuse que ce projet générera et aux risques écologiques qui lui sont consécutifs.

En effet, le ciel liégeois est déjà fortement concerné par la pollution atmosphérique et lumineuse, en telle sorte que l’on peine à y distinguer la moindre étoile même les nuits où il est bien dégagé. Rappelons que le ciel nocturne a été classé « patrimoine mondial de l’humanité » à protéger pour les générations futures (Déclaration de La Laguna, 1994 ; Déclaration de La Palma, 2007), comme le rappelle Philippe Demoulin, astrophysicien à l’ULg. L’ajout dans la nuit liégeoise de projecteurs d’une portée de 10 km va inévitablement aggraver cette situation.

Par ailleurs, on sait que la vallée mosane constitue un couloir de migration important pour de nombreuses espèces d’oiseaux. Or, les deux tiers de ces espèces voyagent de nuit et se repèrent aux étoiles. On sait qu’une source lumineuse puissante perturbe leur orientation et cause la mort de nombre d’entre eux. J’ignore si les promoteurs du projet se sont interrogés sur l’effet que produira leur phare sur les oiseaux migrateurs (je n’en trouve pas trace dans leur communication ). Mais j’espère que les autorités chargées de délivrer une éventuelle autorisation se poseront quant à elles cette question.

Ce n’est pas tout : on sait que les insectes sont attirés par les fortes sources lumineuses, ce qui provoque la mort prématurée de nombreux individus avant qu’ils aient eu le temps de se reproduire. Or les bois qui entourent le Monument interalliés comptent de très nombreuses espèces, notamment la rarissime lucane cerf-volant (Lucanus cervus L.), le plus grand coléoptère de Belgique, une espèce intégralement protégée et en forte régression. Cette protection implique l’obligation de protéger son habitat. Et ne parlons pas des chauves-souris qui, elles aussi, vivent la nuit.

L’asbl « Phare de Liège » se targue d’avoir étudié son projet pendant trois ans. Au vu des objections soulevées, il est permis de se demander si son « étude » a bien fait le tour de toutes les questions utiles.

Le Collège pourrait-il m’indiquer si une demande d’autorisation a déjà été déposée pour l’installation de ce phare et me faire savoir ce qu’il en est du « bon accueil » des autorités communales dont on peut trouver écho dans la presse de la semaine dernière ?

Je vous remercie pour les réponses que vous voudrez bien m’apporter.

François Schreuer

Conseiller communal

NB : Ce texte fait notamment à une pétition en ligne ayant d’ores et déjà récolté plus de 1300 signatures.