La Ville de Liège a-t-elle oublié les Coteaux de la Citadelle ?

Monsieur le bourgmestre,
Mesdames et Messieurs les échevins,

En 2011, après deux décennies d’efforts et de nombreux investissements de la Ville et du FEDER, les Coteaux de la Citadelle obtenaient une troisième étoile au Guide Michelin. Ils étaient alors, avec les Grottes de Han, la seule attraction de Wallonie à bénéficier de cette reconnaissance. Par dizaines de milliers, les Liégeoises et les Liégeois, fiers de ce site si beau et si singulier, y emmenaient leur amis, leurs visiteurs.

Une quinzaine d’années plus tard, la situation fait peine à voir : accès (côtés Pierreuse et Palais) régulièrement fermés, bancs abîmés, signalétique taguée, végétation qui se remet à pousser dans certains vieux murs,…

On se demande si la Ville, avec le départ à la retraite voire la disparition des défenseurs historiques du site, n’a pas oublié qu’elle dispose, avec les coteaux, d’un véritable joyau, non seulement touristique mais aussi historique, patrimonial, écologique, d’un lieu qui nous enracine dans une histoire longue et passionnante, d’un lieu qui offre une précieuse respiration à un jet de pierre de l’hypercentre, d’un lieu qui embrasse tout un paysage. On se demande aussi si les Liégeoises et les Liégeois eux-mêmes n’auraient pas besoin qu’on leur remette le site à l’esprit, qu’on en reparle, qu’on le fasse vivre.

Le ressac que connaît la « Nocturne des coteaux », qui a vu une formule réduite au seul coeur historique l’année dernière et ne sera pas organisée cette année — certes sous l’effet d’une contrainte budgétaire qui nous est imposée — ne vient pas vraiment, vous en conviendrez, contredire ce sentiment d’oubli.

Alors qu’un projet privé est annoncé pour sauver l’ancienne Commanderie des templiers, au carrefour de Pierreuse et de la rue du Palais, alors que la Collégiale Sainte-Croix est sauvée, alors que la gare du Palais s’ouvre enfin vers Pierreuse, alors que des perspectives ont même été annoncées pour le Palais des Princes-Evêques dont la restauration des façades va débuter, ne serait-il pas temps que la Ville réinvestisse les coteaux, en veillant, déjà, à leur accessibilité quotidienne et à leur entretien, mais peut-être aussi en se demandant comment donner un nouveau souffle à ce site emblématique et aux monuments majeurs qui l’entourent ?

Ne faudrait-il pas, par exemple, à présent que le tram roule, envisager d’enfin réduire significativement le trafic sur l’axe formé par Hors-Château et la rue du Palais ?

Ne serait-il pas opportun de réunir les acteurs associatifs, culturels, sportifs, sociaux, économiques, des quartiers limitrophes, afin de réfléchir avec eux à la redynamisation du site, à la manière de le faire vivre en s’appuyant sur les forces vives locales ? N’y a-t-il pas de nouveaux usages de ces lieux à imaginer ?

Ne serait-il pas temps de réfléchir à de nouveaux cheminements, de nouvelles fonctions, une nouvelle planologie, pour offrir à nos concitoyennes et concitoyens comme à nos visiteurs l’occasion de nouvelles découvertes et relancer l’attractivité du lieu ?

Ne devrions-nous pas nous intéresser plus activement, comme élus liégeois, à l’avenir du Palais des Princes-Evêques, à l’affectation culturelle qu’il appelle naturellement, à la possibilité, déjà, de rendre visitables ses deux cours intérieures, à la possible valorisation de la troisième cours, qui fut un lieu de passage entre Perron et Pierreuse et est aujourd’hui réduite au statut de parking ?

Ne serait-il pas opportun, enfin, de tenter de remettre à l’agenda régional le projet d’un téléphérique entre Saint-Léonard et Citadelle qui, en plus de son rôle de mobilité à l’échelle locale et métropolitaine, contribuerait évidemment à la visibilité et à la facilité d’accès à nos chers coteaux ?

D’avance, je vous remercie pour vos réponses,

François Schreuer
Conseiller communal de la Ville de Liège