On commence à cerner le problème des micro-plastiques

Le Guardian du mardi 19 août donne écho à deux méta-analyses qui montrent une corrélation forte entre l’exposition aux matières plastiques et la baisse du nombre de spermatozoïdes, laquelle n’est évidemment pas sans impact sur le taux de natalité. Il est également question de malformations génitales et d’une diminution de la taille du pénis, chez les enfants exposés in utero.

Sont particulièrement pointés les phtalates et le bisphénol (parmi d’autres perturbateurs endocriniens), deux additifs omniprésents dans notre environnement, respectivement utilisés pour assouplir ou durcir le plastique. « Chaque fois que vous prenez une bouteille d’eau ou un tube souple, comme un tube médical, ou un récipient alimentaire souple, vous êtes en contact avec des phtalates » explique le Dr Shanna Swan (The Mount Sinai Hospital, New York City), co-auteur.

Deux semaines plus tôt, Mediapart donnait la parole au chercheur allemand Matthias Rillig (Freie Universität Berlin) qui expliquait que le plastique rejette des composés toxiques pour la reproduction. Il précisait : « Les microplastiques sont de véritables réservoirs de composés toxiques. Plus ils se dégradent, plus ils deviennent petits et plus ces molécules piégées dans le volume intérieur trouvent facilement leur chemin vers la surface. Il faut donc s’attendre à une libération de plus en plus importante de ces molécules chimiques à mesure que les plastiques se dégradent dans notre environnement. Mais ce n’est pas tout. Plus ces microplastiques diminuent en taille, plus ils sont également susceptibles de traverser les membranes des organismes vivants et venir dès lors perturber leur physiologie. Ces deux éléments, le relargage chimique et leur taille de plus en plus nanoscopique, sont à la base de cette notion de dette de toxicité. »

Ceci éclaire d’un jour cru le scandale du torpillage, par quelques pays pétroliers et une armée de lobbyistes, des négociations qui auraient pu mener à un traité international limitant la pollution plastique, négociations qui viennent d’échouer à Genève.

Cela est d’autant plus vrai que le recyclage du plastique reste très limité et très difficile, notamment parce que les substances toxiques ne disparaissent pas lors du recyclage et que certains objets présentés comme vertueux car recyclés peuvent en fait participer à la diffusion dans notre environnement de ces substances toxiques.

Ceci montre aussi, s’il en était encore besoin, l’imbécilité ou l’hypocrisie des droites et extrêmes-droites qui psalmodient à l’envi sur la baisse du taux de natalité (souvenez-vous du « réarmement démographique » de Macron) tout en refusant globalement tout ce qui pourrait aider les couples à avoir des enfants — sur le plan de l’environnement et de la santé, mais aussi, bien sûr, sur le plan social (accès au logement, accès à un emploi stable et décent, etc).

En attendant que les choses bougent au niveau global (ou pas), en attendant qu’on cesse de larguer des millions de mètres cubes de plastique dans les océans, qu’on cesse d’en disséminer dans les terres agricoles, que le secteur alimentaire cesse de tout emballer dans du plastique (et que l’AFSCA comprenne qu’elle a une responsabilité à cet égard), nous pouvons déjà faire certaines choses, comme nous l’avons montré en obtenant, il y a quelques années, le retrait des barquettes plastiques des crèches et écoles de la Ville de Liège.

Ces questions devraient évidemment être prises en charge au niveau collectif, et nous devons agir fermement en ce sens. En attendant d’y arriver, il semble hélas nécessaire de recommander à chacun et chacun des gestes de prudence pour réduire son exposition à celle pollution.