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Extensions du tram : derrière le masque de la « bonne gestion »

Vous pensez encore que la décision du #walgov wallon MR-Engagés d’annuler les extensions du #tramliege vers #Herstal et #Seraing est guidée par une volonté de bonne gestion des deniers publics ? C’est faux, dramatiquement faux. Et voici pourquoi.

1. Le timing de cette décision, totalement précipité, a de lourdes conséquences pour les communes concernées (en particulier la Ville de Herstal, qui se retrouve avec son principal boulevard éventré et un chantier arrêté), les entreprises et sous-traitants chargées du projet et leur travailleurs (impact important sur l’emploi) mais aussi tous les acteurs économiques situés le long de l’axe (par exemple des commerces rendus moins accessibles par le chantier et qui perdent de l’argent tous les jours). Le gouvernement n’a pas évalué ces conséquences avant de prendre sa décision. Il n’a pas mené la moindre concertation avec les acteurs concernés.

2. Si la motivation de cette décision était budgétaire et financière, le gouvernement ne mettrait pas sur la table une alternative floue (des « bus prioritaires ») qui n’a de toute évidence pas été étudiée (annoncer du site propre sur des axes trop étroits pour le permettre) et dont le coût est par conséquent forcément impossible à évaluer à ce stade. Ce que fait le gouvernement, c’est nous emmener dans l’inconnu.

3. Renoncer au tram, c’est renoncer aux effets structurants à long terme qu’il amène partout où l’on y a recourt : le développement économique et urbain qu’il suscitera le long de son tracé (on voit déjà les projets fleurir le long de la ligne courte), la réduction de la pollution de l’air (c’est-à-dire, pour parler chiffres, des économies sur les soins de santé), la réduction des émissions de gaz à effet de serre (Shifters Belgium évoque un ordre de grandeur de 5000 t CO2/an). Là encore, cela n’est nullement pris en compte dans la motivation de la décision.

4. Mais surtout, nous pouvons aujourd’hui établir (cf. tableau ci-joint) que le coût d’exploitation du schéma défendu par le gouvernement (nouvelles lignes + maintien de plusieurs lignes existantes) sur les 25 prochaines années sera largement supérieur (de l’ordre de 80 millions d’euros) à celui du tram. Bref, on va dépenser PLUS d’ARGENT pour faire fonctionner un service MOINS CAPACITAIRE (on peut transporter plus de personnes, dans de meilleures conditions, avec le tram) et MOINS PERFORMANT (deux correspondances au lieu d’une sur la plupart des trajets venant de Seraing, Flémalle, Engis, etc).

Bref, cette décision n’est nullement guidée par le souci de bien gérer les affaires publiques. Elle répond plus probablement à une logique mesquine de règlement de compte (il y a beaucoup d’électeurs de gauche dans les quatre communes concernées) et rend visible la méconnaissance voire la détestation des grandes villes dont l’accord de gouvernement suintait déjà par tous ses pores.

Ce dimanche, dans l’isoloir, nous pouvons faire de nos villes et communes des lieux de résistance à cette immense régression.