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Interpellation

Une autre façon de sortir de la crise du photovoltaïque…

Interpellation au Collège communal, Conseil du 30 septembre 2013

J’interpelle le Collège communal, ce lundi, sur une proposition qui pourrait, je pense, poser les bases d’une autre façon d’envisager le développement des énergies renouvelables — et leur financement par les pouvoirs publics.

Pour une régie communale de l’énergie

La polémique sur le soutien public aux installations photovoltaïques qui a émaillé les premiers mois de l’année 2013 laisse des traces importantes : un paysage absurdement clivé entre les détenteurs d’installations photovoltaïques qui défendent les avantages qui leur ont été octroyés (et dont certains d’entre eux dépendent pour pouvoir assumer l’investissement réalisé) et des contribuables qui se demandent pourquoi ils ont dû — et vont devoir — financer ces avantages qui ont largement bénéficié à la classe moyenne supérieure et bien peu aux classes populaires. Le secteur, quand à lui, ne sort pas, semble-t-il, pas indemne de l’affaire. Les seuls qui se frottent les mains, au final, ce sont les lobbies défendant les énergies fossiles et le nucléaire qui ont reçu un énorme cadeau de la part du gouvernement wallon sans avoir rien eu à faire.

Bien sûr, un nouveau dispositif de soutien aux particuliers (« qualiwatt ») est en train d’être mis sur pieds par le ministre Nollet, qui devrait éviter certains excès du précédent. La logique reste cependant fondamentalement la même : aider le particulier qui en a les moyens financiers et la possibilité matérielle (i.e. un bien immobilier ou un terrain disposant d’une exposition favorable) à devenir un petit producteur d’énergie verte.

Cette logique, même bien gérée, pose deux problèmes sérieux. En termes de justice sociale, on reste dans un principe de redistribution inverse de la richesse. En clair : les pauvres n’auront guère accès à ce type d’aide (et seront donc deux fois « pigeons » : en payant des impôts qui seront redistribués à plus riches qu’eux et en payant plus chère une énergie dont le prix ne peut qu’augmenter dans les prochaines années). Au plan technique, on est entré dans le flou : on se dirige vers la construction d’un système de production d’énergie sous-optimal. On ignore ce qu’il en sera effectivement au final, mais la « garantie de rendement à 7% » (de l’investissement, donc) annoncée par le ministre Nollet revient, ni plus ni moins, à sur-financer les installations les moins productives (et donc les moins rentables), ce qui est carrément absurde et pourrait amener à installer des panneaux photovoltaïques n’importe où, n’importe comment, dans le seul but de toucher les primes (et donc au détriment de l’efficacité de la dépense publique). Plus généralement, l’absence de toute coordination entre le choix (par les particuliers) des sites de production et les besoins en énergie ainsi que les capacités du réseau à l’acheminer ne peut que mener à d’importants gaspillages de ressources à tous les niveaux.

À nos yeux, le système doit donc être complètement repensé, sur une base collective et non plus privée. Selon VEGA, il serait simplement préférable de réserver les subsides aux collectivités locales.

Bien sûr, il s’agit là d’une compétence régionale, dont nous ne saurions débattre dans cette enceinte.

Nous pensons cependant que la Ville de Liège pourrait dès à présent s’impliquer dans la construction d’une alternative à l’actuel système de financement des énergies renouvelables. Comment ? En mettant sur pieds une structure communale – sans doute une régie communale, mais d’autres possibilités existent – chargée de développer une capacité de production d’énergie locale et publique, au bénéfice de tous les citoyens. Cette structure pourrait se financer de diverses manières ; par un emprunt ouvert au public, sur le marché bancaire ou par un prêt à la BEI, par exemple.

Grâce aux rendements d’échelle, grâce à un choix des sites basé sur des critères techniques, grâce à une utilisation directe de l’énergie produite, grâce aux subsides régionaux, cette régie devrait être en mesure non seulement d’équilibrer ses comptes, mais même de dégager un bénéfice non négligeable qui, réinvesti dans le développement de l’infrastructure, pourrait permettre à celle-ci d’atteindre, au fil des ans, une taille conséquente.

Loin de se limiter au photovoltaïque, cette régie pourrait exploiter, selon les opportunités qui se présenteront, des éoliennes (ou prendre des parts dans des projets éoliens), participer à la mise en place des premières expériences locales de géothermie profonde, investir dans l’énergie hydraulique ou dans des pompes à chaleur dans les égouts de la Ville, etc. Elle pourrait aussi contribuer au développement de réseaux de chaleur sur le territoire communal, seule ou en partenariat avec d’autres acteurs.

Dans un premier temps, l’énergie produite servirait à l’usage public (bâtiments, voiries,…), permettant de réduire la facture d’électricité de la Ville. Dans un second temps, elle pourrait être vendue à des distributeurs, abondant directement les finances communales. Enfin, à moyen terme (dix ans ?), lorsque les capacités de production seront suffisantes, c’est tous les citoyens de la Ville qui pourront en bénéficier, par exemple en recevant un quota d’énergie gratuite par personne (ou d’autres formules à envisager).

L’objectif est de faire en sorte que TOUS LES CITOYENS, y compris les moins nantis (les locataires, les nouveaux venus, les gens qui n’ont pas de toit pour y mettre des panneaux,…) bénéficient du développement des énergies vertes et de les aider à se protéger des conséquences désastreuses sur les plus fragiles d’entre nous qu’aura, très vraisemblablement, l’augmentation du prix de l’énergie si on ne s’y prépare pas.

Le Collège peut-il me faire connaître son appréciation sur cette proposition ?

 

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