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Refinancer pour ne pas privatiser

Brève parue dans « Imagine », janvier 2003.

Si l’AGCS constitue assurément une menace sérieuse sur l’enseignement en tant que bien public, il ne doit pas faire perdre de vue certains phénomènes plus larvés mais tout aussi inquiétant auxquels on assiste aujourd’hui.

Ainsi assiste-t-on à l’arrivée de bayeurs de fonds privés, essentiellement des grands groupes industriels, dont l’apport reste certes mineur à l’heure actuelle au regard des budgets en jeu mais constitue une marge stratégique à très forte valeur ajoutée qui n’est pas sans impact sur l’attractivité. Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, les gestionnaires académiques y voient un intérêt certain, intérêt qui donne la mesure de la dépendance générée par ces nouveaux financements et, partant, de l’instrumentalisation de l’enseignement, de la mise en cause de son rôle social et intellectuel.

Par ailleurs, les phénomènes de dumping inhérent au mode actuel de construction européenne et déjà largement constatés dans le monde du travail ou au niveau de la fiscalité, sont en train de se reproduire au niveau de l’enseignement supérieur. Le modèle belge de liberté d’accès à l’enseignement supérieur, par exemple, qui, bien que de plus en plus ébréché, reste relativement atypique en Europe est clairement menacé par une mobilité européenne généralisée. Si l’on veut éviter la généralisation de systèmes de sélection l’entrée de l’enseignement supérieur, il faudra parvenir à instaurer un financement de cet enseignement à l’échelle européenne.

Dans tous les cas, la clé du problème réside probablement dans la priorité politique et budgétaire qu’on voudra bien accorder à l’enseignement en tant que bien public devant être financé à la hauteur de ses besoins. Et là, n’en déplaise à Saint-Polycarpe et à la coalition Arc-en-Ciel, il faudra encore parler de refinancement.