Accueil > Interventions > Le blog > À propos de la petite maison néo-mosane de la rue de Fragnée

Blog

À propos de la petite maison néo-mosane de la rue de Fragnée

Plusieurs personnes m’alertent sur la démolition de la maison de style néo-mosan (construite au début du XXe siècle) située du bout de la rue de Fragnée, en bord de Meuse. Il semble que cette démolition suscite pas mal d’émotion chez certaines personnes.

Voici pourquoi il ne me semble pas — en l’état actuel de ce que j’en sais du dossier — utile ou souhaitable de réagir sur ce dossier.

1. Contrairement à la « Maison du recteur » (ou « Tour Rosen » , située à côté de la gare, et qui a été — fort heureusement — préservée), ce bâtiment n’est pas classé. Il ne s’agit pas d’une maison ancienne mais d’un exemple typique des architectures « néo » qui fleurissaient (sévissaient ?) il y a un siècle. Je ne dis pas que ce bâtiment n’a aucune qualité — toute création architecturale mérite d’être considérée — mais une politique de protection du patrimoine ne peut pas consister à protéger au coup de cœur, mais doit d’abord viser à préserver une sélection de réalisations emblématiques des divers courants ayant émaillé l’histoire. Nous ne manquons pas de « faux-vieux » à Liège. Par contre, de nombreux bâtiments d’autres époques et styles (et notamment des ouvrages beaucoup plus notables du XXe siècle) sont très menacés et mal protégés. Il faut se donner un minimum de priorités.

2. Contrairement à ce que d’aucuns prétendent, cette démolition est prévue de longue date, depuis au moins 2006 — notamment dans le Périmètre de remembrement urbain (PRU) des Guillemins ou dans le permis d’urbanisme du tram (excusez du peu !). C’est à ce moment-là qu’il aurait idéalement fallu réagir pour ceux qui souhaitaient le faire.

Soit dit en passant, lire des élus ayant soutenu ces deux textes — parfois ardemment, et en vilipendant durement celles ceux qui demandaient qu’on prenne le temps de faire arriver ces projets à maturation — venir maintenant crier qu’ils sont pris en traître par cette démolition (rien que ça), est quelque chose d’un peu choquant. Cette attitude dénote un manque grave de connaissance des dossiers ou une attitude ouvertement démagogique.

(et je ne parle certainement pas ici des associations patrimoniales, qui tiennent une attitude cohérente et constante, qui est tout à leur honneur, même si, sur ce dossier précis, je me démarque de leur position).

3. En admettant qu’on conserve cette maison, c’est toute la cohérence urbanistique de l’esplanade des Guillemins (au milieu de laquelle elle se trouve) qui serait remise en cause — et si mon avis était nuancé à son propos, comme le savent ceux qui me lisent depuis longtemps, je pense aussi qu’à un moment donné, il faut avancer dans la réalisation des projets publics.