J’ai terminé hier soir la publication de dix courts billets mettant en lumière quelques dossiers emblématiques de mes douze années de mandat comme conseiller communal. Forcément, ce ne sont que quelques coups de sonde dans un large ensemble, mais j’espère qu’ils donneront une idée des préoccupations que j’ai relayées au Conseil, avec par exemple une attention particulière pour la santé environnementale, pour la place des enfants, pour la préservation et la création d’espaces verts.
Voici donc le récapitulatif de ces dix petits textes.
#1 Imaginer de fusionner la première couronne pour faire une Ville de Liège de 400.000 habitants (2014)
Bilan : le débat est enfin lancé (dix ans plus tard)
Présent depuis moins d’un an et demi au Conseil communal, VEGA jette un gros pavé dans la marre : après la fusion ratée de 1976 (qui a fait de Liège une entité beaucoup trop petite par rapport à son agglomération), si la supracommunalité reste à nos yeux la meilleure approche, le blocage qui perdure sur le sujet demande un plan B, qui pourrait être la fusion de Liège avec sa première couronne. 10 ans après, l’idée ressort...
Bien sûr, ce débat demande beaucoup de nuance et de prudence (en particulier pour garantir le maintien d’un niveau démocratique de proximité, qui pourrait être celui de « conseils de quartier »).
#2 Bannir les perturbateurs endocriniens, en particulier dans les crèches et les écoles (2018)
Bilan : victoire sur la plupart des points, mais on peut aller plus loin
Au nom de VEGA, j’obtiens un vote du Conseil communal pour bannir les perturbateurs endocriniens dans les crèches et les écoles. Ce vote débouchera notamment sur le passage de nos cantines au 100% bio & local, désormais acquis (cf. l’interview de Davide Arcadipane postée dimanche sur cette page).
La vigilance reste cependant de mise (sur les peintures, les produits d’entretien, notamment) et je reviendra sur ce sujet lors dans la prochaine mandature si vous choisissez de me faire confiance à nouveau.
#3 Repousser une tentative de privatisation complète du tram (2019)
Bilan : victoire
Début 2019, VEGA, avec Céline Lambeau, lève un lièvre de taille : le gouvernement Borsus (MR-Engagés déjà) envisage d’aller encore plus loin que ce qui est prévu dans le Partenariat Public Privé (PPP) et de privatiser complètement l’exploitation du tram.
Le gouvernement fera finalement marche arrière (on appelle ça les « décisions Dracula » : il suffit parfois de les mettre en lumière pour les faire reculer).
Soit dit en passant, comme j’ai pu le souligner hier soir lors de la réunion publique que nous avons organisée sur les extensions du tram, le contrat PPP signé par le gouvernement Borsus — en plus de ses innombrables défauts intrinsèques sur lesquels je ne reviens pas ici — présentait une faille immense : il n’avait pas prévu les clauses qui auraient permis de réaliser l’interconnexion avec les extensions vers Seraing et Herstal sans subir le racket de « Tram’Ardent ». Quand le MR et les Engagés vous expliquent que les extensions coûtent trop cher, ils oublient de vous dire... que c’est à cause d’eux.
Une chose certaine : si vous me renvoyez au Conseil communal pour les six prochaines années, je resterai un défenseur constant et déterminé du Service Public.
#4 En finir avec la « mixité cyclo-piétonne » qui suscite tant de tensions entre piétons et cyclistes (2023)
Bilan : on évolue dans le bon sens
Le choix — encore trop fréquemment fait — d’imposer aux piétons et aux cyclistes de cohabiter dans les mêmes espaces publics suscite, on le sait, beaucoup de tensions. Les piétons se sentent (et sont parfois réellement) mis en danger par les vélos qui roulent trop rapidement. Tandis que cette cohabitation est dissuasive pour les cyclistes, qui voudraient pouvoir rouler à 20 ou 30 km/h.
Cette doctrine de la « mixité cyclo-pédestre » — qui persiste dans certaines administrations — reflète une vision du vélo comme loisir (la « vision Ravel ») plutôt que comme enjeu de mobilité quotidienne. Elle doit céder la place à la mise en place d’un réseau vélo structurant dans la ville et l’agglomération. Mais aussi mener à rendre à l’usage exclusif des piétons certains espaces aujourd’hui partagés (parc publics, piétonniers étroits et même certaines parties du Ravel).
Avec VEGA, j’ai depuis le début de mon mandat au Conseil, plaidé — combattu, et pas seulement en séance publique, loin de là — pour des itinéraires propres aux cyclistes. Tout en sachant que l’étroitesse de beaucoup de nos voiries impose des arbitrages compliqués.
Aujourd’hui, on observe que les choses évoluent positivement, par exemple avec le dossier du « corridor rive gauche », qui reliera l’évêché à la Goffe avec un itinéraire cyclable de meilleure qualité que ce qui a été réalisé sur les autres quais. On avance !
#5 Protéger la population contre les polluants éternels (PFAS), bien avant que le scandale n’éclate (2023)
Bilan : une première prise de conscience, mais un immense travail reste à faire
Plusieurs mois avant que n’éclate le scandale des PFAS — les tristement fameux « polluants éternels » —, le Conseil communal de Liège vote à l’unanimité un texte, que j’ai inscrit à l’ordre du jour, visant à prendre des mesures de précaution concernant ces substances toxiques — notamment dans l’eau de distribution, mais pas uniquement.
Il est important de souligner que le combat est loin d’être terminé, comme on l’a encore observé cette semaine, en apprenant que les tests pratiqués sur les personnes contaminées dans différentes communes wallonnes ont très fortement sous-estimé la gravité de la situation.
La réaction du ministre Yves Coppieters (appliquer un peu plus rapidement la norme européenne) est très insuffisante, car on sait que cette norme est dramatiquement trop laxiste. Il faut appliquer une norme beaucoup plus sévère, comme le font de plus en plus de pays, et interdire purement et simplement l’utilisation des PFAS, notamment dans les pesticides qui en contiennent (et qui sont en train de polluer définitivement des millions d’hectares de terres).
Comptez sur moi pour rester impliqué dans ce dossier si vous me renvoyez au Conseil communal pour les six prochaines années.
#6 Sauver le CIMC (2017 et suivantes)
Bilan : victoire
Voilà un combat de longue haleine qui semblait complètement perdu et qui a été gagné.
Début 2017, je suis alerté par des parents d’enfants accueillis au CIMC et par des travailleurs : le « Centre pour enfants infirmes moteurs cérébraux », à Coronmeuse, est menacé. Il s’agit d’une institution remarquable, unique dans la région, fruit de la collaboration entre l’hôpital de la Citadelle et l’Instruction publique de la Ville (l’école Léona Platel), qui permet d’offrir une scolarité aussi normale que possible à des enfants porteurs de handicaps moteurs lourds. La fermeture des lieux est évoquée, dans le cadre du projet d’écoquartier de Coronmeuse, qui doit être bâti à cet endroit. Immédiatement, j’interpelle le Collège communal.
Novembre 2017 : le Conseil d’administration de la Citadelle met la menace à exécution et annonce, désolé, la fermeture. Nous décidons avec VEGA d’en faire un dossier prioritaire. Nous alertons la presse, nous inscrivons un texte à l’ordre du jour du Conseil communal. Nous mettons en lumière à quel point il serait inacceptable qu’un « écoquartier » se fasse au détriment d’une fonction aussi essentielle.
Le Collège communal finira par nous suivre. Et décidera de construire un nouveau bâtiment à Droixhe, où l’école et le centre sont aujourd’hui installés. Tout n’y est pas parfait (la cour de récréation n’est pas adaptée aux chaises roulantes, me dit-on), mais on peut dire que l’essentiel a été sauvé.
#7 Repousser un projet de parking dans le Cirque d’hiver (2018)
Bilan : victoire
Un projet de parking repoussé, dans l’ancien Cirque d’hiver, un bâtiment remarquable du quartier Jonfosse (qui reste cependant toujours en attente d’un projet de reconversion de qualité).
L’occasion de souligner que dans le programme PS+, VEGA a obtenu une avancée importante : aucun nouveau parking ne pourra être construit si un nombre équivalent de places de parking ne sont pas supprimées par ailleurs.
Je cite le programme : « la création de nouvelles places de parking sera conditionnée à la suppression d’un nombre au moins équivalent de places (en ouvrage ou en surface) dans le même quartier. »
#8 Rassembler plusieurs communes sur l’idée de créer un « Parc du Ry-Ponet » (2017 et suivantes)
Bilan : victoire sur le principe, mais il reste à concrétiser
Un « parc métropolitain » de plus 300 hectares, entre Chênée, Beyne, Romsée et Chaudfontaine, pour préserver de l’urbanisation un paysage remarquable en plein cœur de la métropole ? Quand nous avons lancé l’idée avec urbAgora en 2014, pas grand-monde ne la prenait au sérieux. Et pourtant...
Et pourtant, il n’aura fallu que trois ans pour que l’idée s’impose politiquement. Grâce, d’abord, à une exceptionnelle mobilisation citoyenne rassemblée dans la plate-forme du Ry-Ponet. Grâce à un texte que nous avons fait voter dans trois conseils communaux — grâce à l’implication de Serge Francotte (Les Engagés) à Beyne-Heusay et de Lionel Thelen (Générations) à Chaudfontaine — concernés, fin 2017. Grâce au soutien de Willy Demeyer qui, comme bourgmestre et comme président de l’asbl Liège Métropole, a fait de ce projet l’un des symboles de la supracommunalité dans la Région.
Aujourd’hui, cependant, même si le soutien des autorités locales est acquis, la bataille continue. Pour rejeter les projets immobiliers qui continuent à sortir de tous les côtés. Pour modifier le Plan de secteur afin de protéger durablement le site. Pour obtenir que la Ferme Sainte-Anne soit rachetée par les pouvoirs publics (idéalement la commune de Beyne-Heusay, et je sais que son bourgmestre Didier Henrottin est ouvert à l’idée) afin de devenir la Maison du parc. Et pour que la Région mette en place un statut de Parc Métropolitain et accorde son soutien au projet (ce qui n’est pas gagné avec la majorité MR-Engagés).
Le dossier restera donc un point d’attention central durant la prochaine mandature, qui devrait amener du concret sur pas mal d’aspects.
#9 Exercer une surveillance démocratique des caméras de surveillance (2014)
Bilan : la satisfaction du devoir accompli, mais la plus grande vigilance reste de mise
L’opposition à la société de surveillance a toujours fait partie des fondamentaux de VEGA. En tant que chef de groupe du Conseil communal, je suis amené, depuis 2012, à siéger dans la Commission de vigilance instaurée pour surveiller l’usage par la police des caméras de la Ville. Il y aurait beaucoup à dire sur le sujet (et sur le caractère assez dérisoire de ce contrôle, soyons francs), mais dans ce cadre, je me suis quand même rendu compte que certaines caméras pouvaient zoomer à l’intérieur des logements, observer les personnes qui y vivent, ce qui est normalement strictement interdit.
En effet, les « caches numériques » appliqués pour empêcher cela (de grands rectangles gris limitant l’image vue par les opérateurs à l’espace public) avaient tendance à faire ramer les ordinateurs, ce qui incitait les officiers responsables à les désactiver.
J’ai dénoncé cette situation en séance publique du Conseil, non sans susciter quelques tensions. Et je suis retrouvé à Natalis le lendemain avec une équipe de la RTBF, devant laquelle j’ai pu démontrer mes dires. Suite à cela des corrections ont été apportées.
Je reste cependant convaincu que les technologies de surveillance numérique — qui ont pris une tout autre ampleur en dix ans — restent intrinsèquement problématiques, doivent être limitées à des usages précis et demandent une surveillance démocratique très poussée et régulière afin de prévenir les usages abusifs.
#10 Donner à la nouvelle passerelle Guillemins-Boverie le nom de Théroigne de Méricourt ? (2015)
Bilan : une demie-victoire
J’ai hésité dans le choix du dernier item de cette petite série de bilan de mes douze ans de mandat au Conseil. Il y avait encore pas mal de choses (la bataille contre l’extension de l’aéroport ou celle pour le parc Palmolive dans le quartier du Longdoz, les conseils de quartier, la « low danger zone », les « thermomètres » de la pollution de l’air, l’accessibilité de la navette fluviale aux PMR, etc).
J’ai choisi un sujet... toponymique : celui du choix qu’il a fallu poser du nom de la nouvelle passerelle qui relie désormais le quartier de Fragnée à la Boverie. J’ai proposé, avec le soutien d’une brochette de personnalités académiques (notamment Pascal Durand, qui était un grand supporter de l’idée), le nom d’Anne-Josephe Théroigne de Méricourt, une des rares figures féminines de la Révolution française, une femme particulièrement fascinante, dont les liens avec Liège sont nombreux et dont la vie reste inspirante à bien des égards (je vous renvoie à mes publications de l’époque).
Cette proposition se solde par une demie-victoire, puisque la passerelle a finalement, comme vous le savez, été nommée la « Belle Liégeoise », en s’inspirant du surnom de Théroigne. Je reste convaincu qu’il aurait été préférable de ne pas utiliser un surnom. La question de la féminisation de la toponymie reste un enjeu. Mais voilà.
J’en profite pour souligner l’importance, de façon générale, de la toponymie. Si certains considèrent avec dédain qu’il ne s’agit que d’un « enjeu symbolique », comme si les questions symboliques étaient anecdotiques, je suis pour ma part convaincu que le choix du nom qu’on donne aux lieux publics est un enjeu qui mérite la plus grande attention. D’ailleurs, je ne désespère pas de renommer un jour la rue Joffre (le théoricien de l’offensive à outrance qui a envoyé à une mort absurde des centaines de milliers de soldats) en « rue de la Paix », comme je l’avais proposé (sans succès) pour le centenaire de la Première guerre mondiale. Un jour peut-être...
On aurait aussi pu parler (pour ne prendre que des exemples venant de la mandature en cours) de lutte contre le stationnement sauvage, de promotion d’une approche anti-spéculative dans les ventes de biens communaux, de la réouverture (finalement) obtenue des bains publics de Jonfosse, du stationnement des professionnels du soin à domicile (pour lesquels nous avons obtenu, après dix ans de combat, une très belle avancée), d’un plan de réduction du bruit dans les écoles, de la proposition de créer un parc public dans le quartier des Guillemins (échec), d’outils locaux de lutte contre la crise énergétique, du plan d’évacuation de Liège (toujours inexistant), du bureau des statistiques que nous souhaitons créer (sans succès, pour le moment), de la ventilation des locaux d’usage collectifs (pour réduire les risques de transmission des maladies respiratoires), de la protection de l’Observatoire de Cointe, de la proposition de refaire des dimanches sans voiture, de l’ouverture du Parc Sainte-Agathe en soirée, de la préparation de la ville aux futures vagues de chaleur, de la suspension du statut cohabitant pour les victimes des inondations, de la privatisation illégale de chemins publics dans différents endroits, de la promotion de l’habitat léger (qui progresse), de la lutte contre l’extension de l’aéroport et contre le modèle « Alibaba », de la verdurisation des cours de récréation, de la proposition de déposer une candidature au titre de Capitale verte européenne, de la circulation des PMR pendant le village de Noël, du réseau de chaleur urbain que nous voulons développer de façon rapide, de la création d’un musée des Beaux-Arts, de l’idée de créer une « vélothèque », du statut des auxiliaires d’éducation, de propositions concrètes contre le vol de vélos, etc etc.
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