Augmenter les opportunités d’emploi pour les Liégeoises et les Liégeois est une nécessité vitale, pour les citoyens comme pour la collectivité. Si les principaux leviers en matière de politique économique se trouvent à la Région, la Ville et la Province peuvent aussi agir de différentes manière afin de favoriser ce développement.
1. Soutenir le multilinguisme. Liège bénéficie d’une position géographique très favorable, proche de l’Allemagne, des Pays-Bas, du Luxembourg, mais elle tire bien trop peu parti de cet atout, notamment parce que la pratique des langues marque encore le pas. À travers l’enseignement de promotion sociale, avec l’immersion linguistique dès le fondamental, on contribue à changer cela et on peut le faire plus encore. Nous devons aussi prendre l’habitude de communiquer dans plusieurs langues chaque fois où c’est pertinent.
2. Appuyer la réindustrialisation de la région. Nous ne voulons plus du modèle « Alibaba » dans lequel la population européenne est réduite à un statut de consommateur de marchandises produites en Asie du Sud. Nous souhaitons relocaliser en partie la production manufacturière et donc produire à nouveau en Europe du textile, de l’électronique ou de la mécanique. Par exemple. Pour cela, il est indispensable de conserver nos leviers économiques (notamment supracommunaux) et de défendre l’initiative industrielle publique. Et de renouer avec notre riche histoire industrielle et scientifique, par exemple en consacrant l’Observatoire de Cointe à une fonction de sensibilisation aux sciences.
3. Faire de Liège un carrefour ferroviaire européen. De nombreuses opportunités existent pour remettre Liège sur la carte européenne du rail, à condition de convaincre les opérateurs concernés. Il faut obtenir de la SNCB le retour des liaisons directes avec Lille et Anvers. Les chemins de fer néerlandais pourraient pousser l’IC Amsterdam-Maastricht jusqu’à Liège. Le TGV Luxembourg-Marseille pourrait partir de Liège. Plusieurs trains de nuit (en plus de celui de Vienne) pourraient s’arrêter aux Guillemins. Et on garde à l’œil la possibilité d’ICE directs entre Francfort et Londres, qui pourraient aussi faire étape chez nous. La Ville doit être porteuse de ce projet et aller le défendre partout. Et le crédibiliser en faisant grandir le pôle de services autour de la gare des Guillemins.
4. Favoriser l’activité artisanale. La deuxième moitié du XXe siècle a produit une ville « zonée », où les quartiers denses sont bien souvent devenus des dortoirs et où l’activité de transformation a été repoussée dans des zonings extérieurs à la ville. Il est possible d’inverser cette tendance, notamment en affectant, dans les plans d’urbanisme, de l’espace pour les #artisans, les créateurs, les petites entreprises de production — et notamment le secteur de l’économie sociale qui joue un rôle de plus en plus central.
5. Miser sur le tourisme (durable). La Province de Liège est une destination de vacances remarquable, avec des paysages diversifiés, des événements culturels reconnus, une offre Horeca attractive. Mais on peut faire beaucoup mieux. En développant une offre complète pour le tourisme à vélo (Ravel Vesdre & réseau structurant, signalétique multilingue, aires de repos pour cyclistes, offre de location pour les groupes, etc), en créant de nouveaux lieux de baignade, en repensant notre offre muséale et en développant un centre d’art, en mettant en valeur nos sites naturels (à l’instar de ce que le Limbourg a réussi à faire avec les siens), en proposant un « Pass » associant transport public & entrées dans les lieux touristiques.
6. Faire grandir le secteur culturel. La culture, même si on a considéré qu’elle était « non essentielle » pendant le COVID, est l’une des principales forces de Liège, qui compte un vivier artistique hors du commun, de grandes institutions, un réseau incroyable d’acteurs plus locaux. Il est possible de créer de nombreux emplois dans le secteur (et notamment dans la musique, la production cinéma, les festivals,...).
7. Soutenir la filière de l’alimentation de qualité, en poursuivant le travail entamé avec les cantines scolaires (par exemple dans le secteur hospitalier). Nous avons tout intérêt — pour notre santé, mais aussi pour le développement local — à manger une nourriture produite (et éventuellement transformée) localement plutôt que celle qui vient de l’agroindustrie internationale.
Enfin et peut-être surtout, j’aurais envie d’ajouter que nous pouvons faire de Liège un lieu qui donne envie de venir y vivre. Les villes les plus dynamiques en Europe, celles qui attirent les diplômés les plus qualifiés, sont aussi celles qui ont prêté le plus d’attention à la qualité de vie de leurs habitants. Crèches, pistes cyclables, espaces verts, lutte contre le bruit ou la pollution de l’air : l’enjeu est aussi économique (eh oui).
Illustration : les Ateliers Dony, un lieu emblématique qui accueille une trentaine de créateurs, dans un cadre d’économie sociale tout en participant à la renaissance d’un quartier.
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