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Il a plu sur le grand paysage

J’ai eu ce soir la chance — et ce n’est pas une formule de politesse — d’assister à la première projection du film de Jean-Jacques Andrien, Il a plu sur le grand paysage. J’en reste empli d’émotion, de bonheur.

Il s’agit un travail sur la dignité de la culture paysanne, qui prend le temps de donner de l’épaisseur à ses protagonistes. C’est un documentaire ample (100 minutes), largement construit sur la parole et la texture de ce paysage et des visages que le réalisateur scrute sans fin (le film a été tourné en 35 millimètres).

Il rappelle les Profils paysans de Raymond Depardon, mais il y a en plus ces vallonnements du Pays de Herve, ces accents et ces tournures de phrase qu’on ne trouve nulle part ailleurs et qui indiquent qu’on est en territoire connu (par moments, je croyais entendre ma grand-mère parler).

C’est aussi un film explicitement politique, un cri d’alarme sans ambiguité sur la disparition d’une culture populaire. Il parle de la difficulté de la transmission, de la charge financière que supportent les paysans, de la dévastation néo-libérale que vit l’agriculture et des menaces qui pèsent sur elle. Les moments intimes du film, où les personnages sont seuls ou à deux face à la caméra, dans leur ferme, avec leurs bêtes, alternent avec des scènes d’assemblée, et culminent dans les images de l’action de déversement de milliers de litres de lait qui avait eu lieu en septembre 2009.

Je voudrais que ce film soit largement diffusé — des diffusions en télévision sont prévue sur Arte et la RTBF, mais guère de projections en salle pour le moment, ai-je cru comprendre. Je voudrais le montrer à des proches. Et je vous invite, quoi qu’il en soit, à ne pas manquer l’occasion de le voir si elle se présente à vous.