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Question écrite

Aspects urbanistiques et financiers du développement du site de « Bavière »

Monsieur le bourgmestre,

Le consortium de promoteurs privés « Bavière Développement » a présenté, il y a quelques jours, son projet pour l’aménagement du site de Bavière, dans le quartier d’Outremeuse.

Parmi d’autres constats, celui-ci retient mon attention : le projet est principalement réalisé grâce au soutien très déterminé des pouvoirs publics, qui envisagent de prendre en charge plus de la moitié de la surface du site, en y réalisant divers équipements (à quoi l’on peut ajouter l’implication dans le consortium d’OGEO Fund, qui reste un outil contrôlé par le public, même si ses pratiques le rapprochent plutôt du secteur privé). La Ville de Liège — au même titre que la Province, le CHU ou la Région — est impliquée dans le projet, à travers un nouveau commissariat, un équipement sportif et une nouvelle crèche.

Si je me réjouis vivement que les pouvoirs publics fassent — enfin — du site de Bavière une réelle priorité politique et si je salue la perspective de voir ces nouveaux équipements mis, dans quelques années, à la disposition des citoyens de la Ville, je m’interroge sur les conditions financières et urbanistiques de leur production.

La Province de Liège a consacré environ 3,5 millions d’euros à l’achat d’une parcelle de terrain (pollué), au cœur du site, en vue d’y construire la nouvelle bibliothèque des Chiroux. C’est un prix non négligeable (supérieur, par exemple, au prix auquel l’ensemble du site a été vendu, il y a 25 ans, par le CPAS, alors que le terrain n’était pas, à l’époque, considéré comme pollué). Si des conditions similaires devaient être pratiquées pour les autres équipements envisagés (polyclinique CHU, extension du Barbou, îlot communal), je me pose la question de savoir s’il existe des raisons justifiant de garder le secteur privé dans le montage.

Par ailleurs, je relève que diverses opérations foncières et immobilières sont envisagées dans le quartier, impliquant le site actuel des polycliniques du CHU, l’ancien bâtiment Intermosane actuellement occupé par l’école du Barbou, et peut-être d’autres.

Dès lors, je voudrais savoir : Pour quelle raison aucun Master Plan n’a été réalisé à ce jour sur l’ensemble de la pointe Nord d’Outremeuse. Au vu des enjeux colossaux (développement de l’école supérieure du Barbou, reconversion du site « Intermosane », réaffectation du bâtiment Brull et de ses abords, centralisation probable de la faculté d’architecture sur le site de la caserne Fonck, passage de la Transurbaine dans le quartier, déménagement envisagé à moyen terme de la caserne des pompiers,… outre le site de Bavière lui-même), une telle démarche d’ensemble est nécessaire pour planifier un développement harmonieux du quartier, que la juxtaposition des projets privés de saurait, de toute évidence, garantir. Seule la Ville de Liège peut tracer ce cap, susceptible de favoriser qualité, mixité, mobilité et respect des habitants du quartier. Une telle démarche permettrait d’intégrer le futur passage du tram dans le quartier de la meilleure des manières. Elle permettrait aussi de réfléchir à la manière de rendre les équipements publics présents sur le site accessibles depuis le quartier de Bressoux (la construction d’une passerelle cyclo-pédestre sur la Dérivation, à hauteur du Barbou, est une hypothèse qui me semble devoir être sérieusement envisagée à ce stade). Si vous avez envisagé l’achat de l’ensemble du site par un outil foncier public (existant ou à créer). Une telle démarche — plutôt que l’achat du terrain par petits bouts au promoteur, sous différents régimes d’acquisition (achat, PPP, leasing,…) — permettrait très probablement de réduire significativement le coût des opérations envisagées pour l’ensemble des pouvoirs publics concernés. Cette maîtrise foncière permettrait également de reposer la question de l’urbanisme à l’échelle pertinente (celle du site, voire du quartier), là où l’approche par lots qui prévaut actuellement (lourdement déterminée par l’opération foncière réalisée par la Province, il est vrai) annonce d’ores et déjà un désastre urbanistique. Elle permettrait de garantir une réelle présence d’espaces publics sur le site (en prenant par exemple pour modèle le projet « Himmos », d’il y a une dizaine d’années). Elle permettrait également de sauvegarder l’emblématique bâtiment de « dentisterie » (stomatologie), dont la réhabilitation coûtera probablement moins cher que sa destruction et la production d’un même nombre de mètres carrés au même endroit.

Dans tous les cas, il me semble nécessaire que toute la lumière soit faite sur les conditions financières précises de l’ensemble des opérations réalisées sur le site et à ses abords, afin de dissiper les inquiétudes qui pourraient, sans cela, naître quant au respect de l’intérêt public dans ce montage financier.

En l’attente de vous lire, je vous prie de recevoir, Monsieur le bourgmestre, mes salutations très distinguées.

François Schreuer