Le débat sur l’aménagement de la place de l’Yser n’en finit pas de susciter les passions, avec plus ou moins de pertinence.
Le projet défendu par l’échevin des travaux de la Ville de Liège, Roland Léonard, outre le grand mérite d’exister dans un contexte particulièrement difficile et d’avoir – c’est chose assez rare pour le souligner – fait l’objet d’un réel travail de concertation dans le quartier, présente pourtant certains atouts, dont le choix – fort – de privilégier la création d’un vaste espace ouvert, face aux logiques de lotissements du bien public.
Il n’en reste pas moins que ce projet, par le choix d’une échelle beaucoup trop étriquée (le seul cœur de la place, à l’exclusion des trois boulevards qui la bordent, a fortiori du reste du quartier), échoue à répondre aux enjeux qui se posent sur la principale place publique du quartier d’Outremeuse.
Deux éléments, en particulier, retiennent l’attention : Le choix de laisser en place le parking semi-enterré de 90 places a pour conséquence le maintien, extrêmement pénalisant pour la qualité de l’espace public, d’une dalle de béton située à un mètre du sol, dont tout le reste de l’aménagement découle : rampes, découpage des espaces, couverture en asphalte de la dalle, etc. Etait-il vraiment indispensable de conserver ce parking au vu des conséquences de ce choix ? Le caractère extrêmement minéral des aménagements proposés semble dicté par le choix de maintenir le parking en place bien plus que par un réel projet urbanistique. Ce choix ne pourrait se comprendre que si, par ailleurs, de réels espaces verts (des pelouses où s’allonger pour bouquiner ou prendre le soleil) sont aménagées dans le quartier (ce qui est possible à Bavière ou sur la place du Congrès, notamment, mais plus qu’incertain à ce stade).
Plus largement, c’est l’ensemble de l’île qui connait ou va connaître d’importants bouleversements de différentes natures.
L’offre d’enseignement supérieur est en développement, notamment avec l’arrivée du language district rue de Pitteurs et le projet d’un regroupement de toutes les infrastructures de la faculté d’architecture autour ou à proximité de la caserne Fonck.
Le déplacement, qui pourrait s’imposer à moyen terme, de la caserne des pompiers vers un site mieux adapté, libérera un important espace ouvrant de grandes potentialités publiques ou privées.
Quant au site de Bavière, après l’abandon du Master Plan signé par Anorak & alii, on assiste pour le moment à une accumulation de projets épars sans qu’une réflexion d’ensemble n’ait été, jusqu’à présent, proposée.
La Ville de Liège a par ailleurs l’impérieux devoir vis-à-vis des habitants de la rive droite ou de Sainte-Marguerite de faire vivre – contre les réticences régionales – la possibilité d’une seconde ligne de tram desservant le plateau ansois et la rive droite (la « Transurbaine »). Cette ligne de tram traversera le quartier d’Outremeuse : elle doit être dès à présent intégrée dans les réflexions en cours, de même que la réorganisation de l’ensemble du réseau de transport public qui s’ensuivra.
L’enjeu d’un maillage vert doit être posé comme tel, visant à articuler tous les espaces verts – tout petits comme plus grands – et plantations.
L’extension du cœur piétonnier de la ville vers la rive droite de la Meuse doit être mis à l’ordre du jour (en commençant par la chaussée des Prés ?).
Différentes possibilité existent pour développer une ou plusieurs nouvelles polarités économiques dans le quartier (mais certainement pas sur la place de l’Yser).
On le voit : la place de l’Yser est en effet le nœud urbain de première importance, à l’échelle du quartier mais aussi de toute la rive droite. Il ne semble pas possible de définir une programmation pertinente pour son aménagement sans avoir une idée de la manière dont le contexte urbain dans lequel elle se situe va évoluer.
Une réflexion d’ensemble est par conséquent indispensable pour articuler ces différentes fonctions et ces différents enjeux. J’appelle dès lors le Collège communal de la Ville de Liège à rapidement dépasser le traitement au cas par cas des dossiers actuellement en cours et à amorcer, en concertation avec le Conseil communal, avec les associations du quartier et avec les habitants, le processus d’écriture d’un schéma directeur pour l’ensemble du quartier d’Outremeuse.
J’appelle également le Collège à rendre publique sans tarder l’étude réalisée par le bureau Secchi & Vigano sur l’ensemble du site. Comme toute étude financée par de l’argent public, il devrait être évident qu’elle soit accessible au citoyen. Il s’y trouve certainement des éléments utiles à alimenter une réflexion d’ensemble sur le quartier.
Pour aller plus loin...
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