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CCATM de Liège : une victoire à la Pyrrhus pour la majorité communale

Le journal satirique « Le Poiscaille » (décidément de plus en plus indispensable dans le bayou de la vie liégeoise) publie dans son dernier numéro une double page sur le gros bug de la composition de la Commission consultative de l’Aménagement du territoire et de la mobilité (CCATM) de la Ville de Liège – toujours en rade un an et demi après le début de la mandature communale.

Et pour cause : il est manifeste qu’en reprenant la compétence de l’urbanisme (désormais exercée conjointement par Jean-Pierre Hupkens et Maggy Yerna après avoir été longtemps dans les mains du PSC/CDH), le PS a décidé de composer une CCATM à sa main, expurgée d’une série de personnalités trop indépendantes. On note par exemple – c’est flagrant quand on a tous les noms sous les yeux – que toutes les personnes participant de façon visible aux travaux de réflexion d’urbAgora, de même que les personnes issues des comités de quartier, ont été évincées des postes effectifs et des premières suppléances (les seuls autorisés à siéger selon le nouveau règlement). Le choix, pour la présidence, de Christian Pevée, laisse aussi pas mal d’observateurs sceptiques. Outre que la règle interdisant d’effectuer plus de deux mandats consécutifs ne lui a curieusement pas été appliquée, ce respectable fonctionnaire régional semble avoir été choisi pour sa qualité de militant socialiste plutôt que pour les capacités qu’il aurait démontrées, lors des deux derniers mandats, à faire vivre une CCATM indépendante, plurielle et dynamique.

Quelques constats s’imposent dès lors.

1. Le bilan de la CCATM sortante, sous la présidence de Jean-Paul Tasset, est bon. La moindre des choses est de le rappeler. En dépit du manque caractérisé d’intérêt de l’échevin de l’urbanisme sortant, Michel Firket, pour les travaux de cette commission, les avis remis étaient argumentés, témoignaient d’une riche appréciation des dossiers dans leurs différentes facettes. La meilleure preuve de ceci : ces avis étaient largement suivis par le Collège. Il n’y a donc nullement lieu de faire un procès à rebours de la CCATM sortante, comme d’aucuns semblent vouloir le faire à travers cette manœuvre de remise au pas.

2. Vu la manière dont le MR et Ecolo tirent aujourd’hui à boulets rouges sur la composition de la CCATM, on se demande vraiment comment la décision a bien pu être votée, lors du Conseil communal de juin 2013, par 38 voix contre une seule (la décision ayant été prise à huis clos, on s’en tiendra cependant là sur ce point). Manifestement, l’opposition communale a manqué de consistance sur ce dossier.

3. L’attitude de la majorité est de toute évidence contre-productive. Rappelons que la CCATM n’est pas un organe décisionnel : il s’agit d’un organe de concertation, permettant de rapprocher les points de vue des acteurs, permettant aussi à l’exécutif communal d’avoir en main des avis documentés et nuancés sur les dossiers dont il a à connaître. En choisissant de casser le thermomètre, la majorité communale ne résout évidemment rien : simplement, une série de questionnements qui pouvaient être débattus de façon fine dans le cadre de la CCATM n’auront plus que la place publique pour s’exprimer. Et la nouvelle CCATM (en dépit de la présence de certaines personnalités de très grande qualité) est maintenant décrédibilisée aux yeux d’un très grand nombre d’acteurs de la vie urbaine liégeoise, torpillée avant même d’avoir pu commencer à travailler. Ce qui est particulièrement regrettable.

Conclusion : si l’on veut sauver cet organe de concertation essentiel à la vie communale et à la qualité des projets urbains à venir sur le territoire communal, il est sans doute souhaitable de reprendre le dossier à zéro. Relancer un appel à candidatures. Présenter les candidatures reçues en Commission du Conseil communal et favoriser la diversité des profils dans la sélection des nouveaux membres de la CCATM. 

Chiche ?