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Liégeois, Liégeoises, la pollution vous tue à petit feu

Il n’est définitivement plus possible de se cacher la tête dans le sable : la pollution de l’air provoque une hécatombe parmi nous. La dernière publication du « Environmental Performance Index », émanant notamment des universités de Yale et de Columbia, pointe le fait que la Belgique est le pays européen qui connait la plus forte pollution de l’air après le Monténégro. Et Liège, particulièrement en fond de vallée, est l’une des villes les plus polluées du pays. Alors qu’elles sont 2,5 fois moins sévères que les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les normes européennes y sont en effet dépassées plusieurs dizaines de jours par an, en moyenne.

Selon l’Agence européenne de l’environnement (AEE), 12.000 personnes décèdent prématurément, chaque année, en Belgique, à cause de la pollution de l’air. Sachant que le risque varie de façon très importante selon le niveau de pollution auquel on est exposé, il semble acquis que ce sont plusieurs centaines de personnes qui, chaque année, meurent à Liège des suites d’une affection causée par la pollution. Au moins une personne chaque jour, sur le territoire communal liégeois, perd la vie trop tôt à cause des polluants rejetés dans l’atmosphère, principalement issus de la combustion d’hydrocarbures — les particules fines sont les plus nocives, mais pas les seules en cause.

Et ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg. En fait, c’est notre santé à toutes et tous qui est dégradée, de façon plus ou moins grave : l’asthme, certaines allergies, le diabète font partie des conséquences de cette pollution mais aussi des infections pulmonaires et des maladies cardio-vasculaires. Depuis 2013, l’OMS considère que la pollution de l’air et les particules fines doivent être considérées comme cancérigènes, au même niveau que le tabac. Et l’on sait que l’impact est particulièrement lourd sur les foetus et les bébés.

Ceux que l’urgence sanitaire laisserait de marbre seront peut-être plus sensibles à l’aspect économique : selon une étude de l’ULB, le coût direct de la pollution de l’air pour la Belgique — principalement au niveau des soins de santé, mais aussi de l’agriculture — y est évalué à 18 milliards d’euros par an.

Ce danger, il est aujourd’hui totalement banalisé par la culture du tout-à-la-bagnole dans laquelle nous vivons. Ce danger mortel, ces milliers de morts, tout cela semble être considéré comme faisant partie de l’ordre des choses. Au point que lorsqu’on pointe cette situation, il n’est pas rare de lire des réponses du type : « Si t’aimes pas le trafic, t’as qu’à ne pas habiter en ville » (sic). Après avoir détruit notre milieu de vie, certains voudraient en plus nous en déloger ? C’est profondément révoltant. Il ne me semble pas excessif de considérer que voir le pouvoir politique rester sans réaction autre que de pure forme face à cela relève de la non-assistance à personnes en danger. Parce qu’il n’y a aucune fatalité.

C’est la raison pour laquelle j’ai adressé deux récemment deux courriers au Collège et aux chefs de groupe du Conseil communal, en demandant l’ouverture d’une réflexion d’ensemble sur le sujet à l’échelle de la Ville de Liège. Bien sûr, d’autres niveaux de pouvoir ont un rôle très important à jouer dans cette matière (la Région, en particulier, mais aussi le fédéral, avec la SNCB) mais de nombreux leviers existent également au niveau communal et il me semble important de les activer, dans le cadre d’une stratégie d’ensemble et avec un objectif chiffré en vue, qui pourrait être de respecter les recommandations de l’OMS.

La Meuse s’est fait aujourd’hui l’écho de ces interventions, ce qui suscite de nombreuses réactions, en sens divers, dans le public. Le présent texte vise à clarifier les choses qui ne seraient éventuellement pas très claires.

Quelles mesures concrètes faut-il promouvoir ? Je n’ai aucune certitude sur le sujet. Chaque mesure possible devra être évaluée avec attention, dans toutes ses dimensions. Les aspects techniques sont complexes et je ne prétends pas les maîtriser. D’autres dimensions — sociales, économiques,… — doivent également être prises en compte, pour trouver une solution équilibrée. Mais je pointe d’ores et déjà une série de possibilités. Développer massivement le transport public, d’abord et avant tout, c’est-à-dire amorcer dès à présent la seconde ligne de tram, faire avancer le dossier du REL, créer des parkings-relais aux principales entrées de la ville. Mais aussi, créer un centre logistique pour optimiser la livraison vers les commerces et réduire le nombre de camions qui entrent chaque jour dans la ville. Exiger du TEC, lorsqu’il renouvelle son matériel roulant, d’opter pour des motorisations moins polluantes que le mazout. Promouvoir activement le vélo, y compris parmi les agents publics. Inciter, par exemple au moyens de primes adaptées, les citoyens qui renouvellement leur chaudière d’éviter le mazout ou le charbon pour privilégier des sources énergies moins polluantes. Et aussi limiter la circulation des véhicules les plus polluants (sauf transports en communs et véhicules d’urgence) les jours où les normes légales sont dépassées. Parmi d’autres.

Qu’en pensez-vous ? Le débat est ouvert. Je lirai vos réactions et commentaires avec le plus grand intérêt.