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Compte-rendu

Débrief du Conseil communal du 25 mars 2013

Comme chaque mois, voici un compte-rendu synthétique et subjectif du Conseil communal. Je rappelle que celui-ci est public et que chacun peut donc y assister (ça se passe, en règle générale, le dernier lundi du mois à 18h30 à l’Hôtel de Ville).

De manière générale, cette soirée fut quelque peu pénible. L’ambiance était lourde et tendue et, malgré un ordre du jour assez léger, les pinaillages en tous sens ont fait durer la séance jusqu’à près de minuit.

La réunion des chefs de groupe a duré plus d’une heure et a été principalement consacrée à la recevabilité des interventions des conseillers. Une série de points mis à l’ordre du jour ont en effet été recalés par le bourgmestre et le secrétaire communal au motif de leur irrecevabilité formelle, irrecevabilité dont les critères précis ne sont pas très clairs aux yeux de tout le monde (et notamment aux miens, je dois bien l’avouer). Si la sécurité juridique des travaux du Conseil doit évidemment être garantie, le droit de ses membres à s’exprimer doit l’être également. Ce qui n’est pas toujours simple, avons-nous pu constater.

Avant la séance du Conseil proprement dite, chaque conseiller était invité à signer la « charte contre le racisme » de la Ville, dont je me suis demandé si elle ne remplacerait pas avantageusement la plaque de bronze colonialiste qui se trouve dans le grand hall de l’Hôtel de Ville. J’avoue que je suis un peu perplexe face à ce genre de déclaration de principe consensuelle mais dépourvue de réelle portée, mais je me suis abstenu de faire ma mauvaise tête.

Interpellations. Contrairement au mois dernier, j’avais cette fois-ci déposé une interpellation. Bernique : en retard ! J’ai appris à cette occasion qu’un Règlement non encore approuvé par la tutelle est « applicatoire », contrairement à ce que je pensais.

Parmi les autres interpellations, celle de Hassan Bousetta et Véronique De Keyser concernant leur proposition d’établir un jumelage entre Liège et Ramallah (en fait un point à l’ordre du jour transformé en interpellation). L’occasion de constater que la droite est pour l’équidistance (le MR proposant un jumelage avec Sdérot , une des villes qui a essuyé des tirs de mortier venant de la bande de Gaza, voisine) et que la majorité du PS est assez mal à l’aise sur le sujet. Pour ma part, j’ai fait savoir l’importance que VEGA accordait à l’expression d’une solidarité claire avec le peuple palestinien ; tout en étant heureux que le report annoncé du point au mois prochain laisse le temps d’un échange de fond sur le sujet.

PRU Léopold. Après la tenue d’une Commission réunie sur le projet de Périmètre de rénovation urbaine (PRU, à ne pas confondre avec l’autre PRU, le Périmètre de remembrement urbain), celui-ci était à l’ordre du jour du Conseil. C’était d’ailleurs le plat de résistance et le seul sur lequel je suis intervenu de façon un peu longue.

J’ai commencé par souligner la qualité et l’intérêt de l’étude réalisée par le bureau Baumans & Deffet . Cette étude répond à une vraie nécessité : l’état de délabrement d’une grande partie du bâti du quartier justifie une préoccupation des pouvoirs publics (ne serait-ce que pour des raisons de sécurité des personnes qui y vivent). Après la catastrophe du 27 janvier 2010, qui a profondément marqué la ville, il est indispensable que les pouvoirs publics posent un geste en faveur de la reconstruction et mettent en place une politique structurelle pour éviter qu’une telle catastrophe se reproduise. L’étude témoigne en outre d’une large aspiration des urbains à une meilleure qualité de vie, y compris dans les quartiers centraux où l’on a aussi besoin d’espaces de respiration. Soit dit en passant, il est regrettable que l’étude précédente de la Ville concernant le quartier, confiée aux bureaux IDEA Consult, Buro 5 et Vectis Consult et portant sur un périmètre un peu différent (« Cathédrale Nord »), n’a toujours pas été rendue publique à ma connaissance.

Cela étant, le projet qui nous est soumis présente quatre faiblesses qui me feront m’y opposer :

1. Le périmètre trop réduit et échoue de ce fait à prendre en compte les principaux enjeux du quartier. Outre le lien avec le fleuve, je pense notamment au parking St Denis, dont la présence de plus en plus intempestive conditionne toutes les circulations dans le quartier de la Madeleine.

2. L’enjeu social n’est à mon sens pas suffisamment pris en compte. Si on utilise parfois le terme de « gentrification » à tort et à travers dans les débats urbains (à Liège, selon les données disponibles, ce phénomène ne touche à ce jour que quelques rues), pour la première fois à l’échelle d’un quartier, je pense qu’une politique publique risque bel et bien de mener à l’éviction en masse du public populaire.

S’il est nécessaire, je le répète, de rénover une (grande) partie du bâti du quartier Léopold, il est essentiel d’accompagner cette rénovation de mesures fortes visant à maintenir la fonction de transit de ce quartier, qui, par sa localisation exceptionnelle, joue véritablement un rôle d’accès à la ville et à ses services pour de nombreuses personnes fragilisées.

Ça passe par une ambition beaucoup plus marquée en matière de logement social, avec des réponses spécifiques aux besoins de cette population « en transit ». Ça passe aussi par la rupture avec la focalisation exclusive des autorités communales sur le public des familles à haut potentiel contributif. À ce titre, la pénible stigmatisation des petits logements doit être dénoncée pour ce qu’elle est : une mesure discriminante à l’encontre des précaires et autres foyers hors normes (familles recomposées, jeunes, migrants, célibataires,…).

3. En matière de patrimoine, l’inventaire sur lequel reposent des démolitions proposées par l’étude est trop peu détaillé à ce stade (comme l’a notamment souligné la CCATM). Il serait sans doute possible – beaucoup l’ont souligné ou vont le faire au sein du Conseil – de préserver une plus grande partie du bâti ancien.

4. Enfin, en matière de mobilité, on est manifestement face à un problème d’échelle. Une grande partie de l’étude repose sur un projet de reconversion de la rue Léopold en un espace pacifié, largement débarrassé de ses voitures, ce qui dépend de choix à poser à une échelle beaucoup plus large, tant il est vrai qu’on ne dispose pas d’alternative évidente pour maintenir une communication automobile entre Sainte-Marguerite et Outremeuse si ce n’est plus par la rue Léopold. En ce qui concerne le tram, cette étude est un élément de plus qui plaide en faveur d’un passage à deux voies par la rue Feronstrée, ce qui laissera l’opportunité de repenser la rue Léopold.

Suite à cette intervention, j’ai essuyé une réplique pleine de morgue de l’échevin Yerna, qui ne s’est pas embarrassée d’honnêteté intellectuelle pour répliquer, en substance, qu’elle était fort surprise que je sois contre tous les objectifs de l’étude (genre : la qualité de vie en ville et un logement adapté pour tous), ce qui a sûrement largement convaincu l’assistance.

On lira les échos de ce débat dans La libre Belgique ou dans Le Soir.

Conseil social HEL. Vous vous souvenez peut-être que je vous avais parlé de la petite passe d’armes que j’avais eue avec l’échevin de l’instruction publique à l’occasion de la réforme, menée à la hussarde, du Conseil social de la Haute école de la Ville. Le dossier est revenu sur la table, à l’occasion de la création de l’asbl qui doit assumer les missions du Conseil social. Alors que je fourbissais mes arguments contre ce montage juridique particulièrement alambiqué, le point a bizarrement été reporté, en raison, semble-t-il, d’un dissensus interne au PS dont le fin mot ne nous a point encore été communiqué (si certains lecteurs peuvent m’en dire plus, je suis intéressé).

Hongrie. Comme annoncé, je me suis abstenu de participer au dîner offert en l’honneur de l’ambassadeur de Hongrie le 20 mars dernier. Par la grâce des douzièmes provisoires (en l’absence de budget, le Collège doit faire valider par le Conseil chaque dépense exceptionnelle, comme, dans le cas présent, un dîner offert à un ambassadeur), le dossier a fait l’objet d’un bref débat au Conseil communal. Benjamin Hermann en a fait un compte-rendu dans « L’Avenir ».

Droit de superficie. Enfin, je me suis abstenu sur un dossier immobilier, rue Molinvaux, reposant sur un montage financier qui avait été présenté de manière franchement incompréhensible en Commission (il n’était pas évident que l’échevin Firket avait bien compris lui-même de quoi il parlait), mais qui est apparu beaucoup plus clairement, en séance, lorsque l’échevin Yerna a expliqué le mécanisme. Le concept est le suivant. La Ville accorde un « droit de superficie », d’une durée de maximum cinq ans, à un promoteur sur un terrain lui appartenant. Le promoteur y construit 16 appartements (dans un projet « intergénérationnel »), dont le prix de vente est fixé par le marché (mais est répartir en une quotité pour le bâtiment qui va au promoteur et une autre pour le terrain qui va à la Ville). La Ville achète (au prix du marché) la moitié des appartements. Avantages pour la Ville : vente de son terrain (à quel tarif ? je l’ignore), disparition d’un chancre (?), naissance d’un projet répondant à certains critères sociaux. J’avoue que, faute d’avoir pu prendre la mesure exacte du mécanisme, il m’a paru plus prudent de m’abstenir, sans pour autant condamner le mécanisme qui me semble défendable sur le principe, mais encore fort flou dans sa mise en œuvre concrète.